Vous visitez la municipalité lanaudoise de St-Charles-Borromée… À votre grand étonnement, vous remarquez, en plein coeur de la ville, des fossés qui bordent les rues ! Mais pourquoi installer des fossés, une structure du passé, dans un quartier fraîchement revitalisé ?
Au Québec, les changements climatiques promettent des épisodes de pluies abondantes de plus en plus fréquents. Déjà, à l’été 2022, l’accumulation d’eau dans les rues a fait la manchette. Le 13 septembre dernier, c’est près de l’équivalent d’un mois de pluie qui est tombé sur la région métropolitaine de Montréal… en une heure ! Les infrastructures ne sont pas conçues pour recevoir de tels volumes d’eau en si peu de temps. Les municipalités doivent donc s’adapter, en implantant des cellules de biorétention en milieu urbain, par exemple.
Ces cellules, telles des fossés remplis de végétaux, se situent en bordure de rues ou de stationnement. Les végétaux poussent dans un substrat choisi pour assurer leur croissance et favoriser l’infiltration de l’eau. En dessous se trouve un étage de sable filtrant, puis de la pierre nette pour entourer le drain, le cas échéant. Ce dernier élément est facultatif : certaines cellules de biorétention permettent l’infiltration complète de l’eau dans le sol.
Une cellule de biorétention effectue deux fonctions principales pour la gestion des eaux pluviales. D’abord, elle retient l’eau, ce qui réduit les risques d’inondation et le recours aux surverses (voir encadré). «Plutôt que de rentrer à l’usine pendant le gros pic d’intensité de la pluie, l’eau de pluie va rentrer de manière décalée sur plusieurs jours. C’est ce qui fait que la station d’épuration peut gérer ces volumes-là beaucoup plus facilement», explique Guillaume Grégoire, professeur titulaire de la Chaire de leadership en enseignement sur les infrastructures végétalisées Jean Tremblay à l’Université Laval. La cellule est conçue avec des pentes calculées pour que l’eau ruisselant sur les surfaces imperméabilisées (asphalte, béton ou bardeaux par exemple) s’y déverse. Les végétaux ralentissent l’arrivée de l’eau, puis en absorbent une partie. S’il pleut beaucoup, la cellule se remplit. L’eau peut prendre de 24 à 48 heures avant de se rendre à destination, soit le cours d’eau ou l’usine de traitement.
Les surverses
Plusieurs municipalités sont aux prises avec des égouts unitaires : le même tuyau recueille les eaux usées des maisons et les eaux de ruissellement pour les acheminer à l’usine de traitement. Dans le cas d’un surplus d’eau, des ouvrages de surverse permettent de rejeter l’eau non traitée directement dans un cours d’eau. Ces surverses peuvent, entre autres, diminuer la qualité de l’eau brute qui sert à produire de l’eau potable, principalement par la contamination microbiologique. La plupart des événements de surverses sont dus à des épisodes de précipitations extrêmes.
De plus, une cellule de biorétention décontamine en grande partie l’eau de ruissellement, qui s’est chargée de polluants en passant sur les surfaces imperméabilisées. Les principaux polluants consistent en des matières en suspension, engrais, métaux lourds, sels de déglaçage, microorganismes pathogènes et hydrocarbures. Les matières en suspension agissent comme véhicule pour les autres polluants, qui s’y accrochent au cours de leur voyage dans l’eau de ruissellement. En arrivant sur le sol de la cellule de biorétention, une partie des matières en suspension et leurs «passagers» se colle au paillis et une autre est filtrée à travers la couche de sable. Les matières en suspension restantes se sédimentent sur la surface de la cellule ou dans des compartiments prévus à cet effet.
Cette deuxième fonction a motivé l’implantation de cellules de biorétention à St-Charles-Borromée. Le système d’égout séparé dirige les eaux pluviales directement dans la rivière L’Assomption, sans traitement. La municipalité a profité de la réfection d’un quartier pour installer ces cellules en bordure de rues. Les travaux ont débuté à l’automne 2021, avec la construction des infrastructures. La plantation des végétaux a suivi au printemps 2022.
Jonathan Marion, directeur des Services techniques de la ville, est satisfait d’avoir implanté ce type d’infrastructures dans un milieu bâti. «Un des plus gros défis a été d’informer les gens, qui s’inquiétaient des grands changements qui touchaient leurs propriétés», précise M. Marion. Certains craignaient, par exemple, que le déneigement et le ramassage des ordures soient compromis par la présence de cellules de biorétention en bordure de rue. «En étant sur le terrain tout au long des travaux, j’ai pu répondre à leurs questionnements», ajoute M. Marion. Afin de prévenir ce type de problème, la Ville avait préalablement consulté les acteurs du milieu, dont les fournisseurs de services publics et les directions des écoles du secteur, afin que les travaux soient réalisés en harmonie avec les besoins du milieu.
Merci Marie-Claude pour ce document très éclairant.
Très intéressant! Une source d’informations liée à notre territoire.